Les changements de régimes

Publié le par Docteur Paul Carton

On peut ériger en règle générale que l'on doit opérer les changements de régime par transition lente et progressive.

 

En effet,le sevrage de viande, opéré d'une façon brusque, totale et indéfiniment stricte, sans aucun retour, risque d'apporter, dans la plupart des cas, des troubles d'inadaptation, de déséquilibre physiologique et de dénutrition, sources de complications fort graves (inhibitions organiques, crises de furonculose, maladies aiguës, cachexie même), parce que l'évolution lente est la loi primordiale d'adaptation de la matière vivante, parce que la vie est une évolution et non une révolution et que la révolution engendre la contrerévolution.

 

Il reste entendu que pour parer à des désordres morbides graves (asystolie, albuminurie, poussées d'entérite, accidents congestifs, artériosclérose), on peut appliquer d'urgence un changement radical de régime qui sauve le malade, mais il est prudent de ne pas persister indéfiniment dans le régime strict (lacté, végétarien, végétalien) une fois le mieux obtenu, mais, au contraire, de redonner à doses modérées des anciens aliments, car l'habitude est une seconde nature dont il est difficile de se défaire en un tour de main. Souvent, en effet, les complications et le déclin rapide qui s'observent après une période de belle amélioration chez des malades soumis à un régime hypotoxique, sont dus non pas au progrès de la maladie, mais à l'inadaptation organique à l'égard d'un sevrage brusque et définitif d'une source azotée accoutumée (viande, poisson, etc.). Les exemples assez rares d'individus, très adaptables, qui ont pu passer, d'un coup, du régime carné au régime végétarien absolu, sans ennuis sérieux, n'infirment pas la loi générale de transition lente et rythmée,car ce serait une faute de mettre l'exception à la place de la règle.

D'ailleurs, ce conseil pernicieux de la transition brusque, émis par tant de partisans du régime végétarien est une des causes principales d'échec de ce régime.

 

Quand il y a lieu d'opérer une réforme de régime et qu'on n'a pas à parer à des accidents aigus, il vaut donc mieux commencer par diminuer les prises de viande ,en l'enlevant d'abord le soir, puis en l'espaçant à midi, puis en la supprimant par périodes, avec des retours passagers plus ou moins rapprochés. La suppression progressive doit, en quelque sorte,suivre le dégoût de la viande qui grandit au fur et à mesure de sa restriction et elle peut devenir totale quand la répugnance est acquise et quand l'adaptation organique est faite et le poids maintenu. Chez les grands nerveux et les négatifs, il vaut même mieux patienter pendant des années dans le régime carné très atténué ou en redonner de temps à autre que de risquer le déclin par dénutrition.

 

Même chez les sujets qui bénéficient grandement de la restriction, puis de la suppression absolue des aliments cadavériques, il faut savoir qu'au début de la réforme du régime s'observent, presque toujours, des sensations d'affaiblissement et une baisse du poids qui doivent être considérées comme normales. On ne doit donc pas s'en alarmer. D'ordinaire le poids, après avoir descendu,se stabilise, puis remonte et se fixe à son taux normal pour le sujet considéré, taux qui peut être au-dessous du poids primitif et aussi au-dessous de celui que l'on considère à tort comme normal (égal au nombre de centimètres en plus du mètre, que donne la taille du sujet), car celui-ci est

exagéré de 6 à 8 kilos, pour les adultes.

Publié dans La cuisine simple

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B
je salue énormément votre travaille.
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